Une journée de Louis au travail en 2003

représentant du personnel - secrétaire de CE

6h.30 lever

7h.00 départ pour La Défense

7h.20 J'arrive au bureau. Je suis le seul à l'étage. Dans un grand calme, je commence par consulter ma messagerie - une vingtaine de mail dont 5 utiles, et les autres à jeter. Je dresse la liste des actions à mener ce jour (il y a toujours une bonne part des actions de la veille). Je mets la radio et je commence à développer le compte rendu du CE du mois dernier (j'ai un mois de retard, avec trois comptes-rendus à faire : c'est l'effet du plan social et des réformes du CE que j'ai engagées).

8h.00 : Jean Luc arrive. C'est un consultant péchu de 55 ans, qui a connu la jungle et toutes sortes d'endroits exotiques. Il m'offre un café, ma parle du PSG, sort une vanne bien gauloise et me demande s'il pourra faire partie du prochain plan social. Nous parions sur le départ du prochain manager (j'ai trois mousses en jeu).

8h.30 : j'adresse à mon responsable actuel un dossier qu'il m'avait demandé.

9h.00 : je reçois un mail d'un salarié qui me demande de le recevoir pour un problème personnel. Je lui propose de déjeuner ensemble.

9h.30 : Un collègue pousse la porte. Il vient se renseigner sur les différents moyens d'obtenir un congé formation. Il veut suivre l'ISA 18 mois. Je le renseigne.

9h.35 : Un autre collègue appelle. Il veut me voir pour connaître les dispositions prévues en cas de départ. Je lui dit de passer à 10h.00.

9h.45 : Le premier collègue part en me remerciant. Je reçois un mail d'insulte d'un salarié furibond parce qu'il a fait ses calculs et qu'il trouve que son taux de participation au CE est de 7850 %. Les permanentes l'ont renvoyé sur moi sans savoir lui expliquer. C'est une erreur de virgule. Il est quand même furibond parce qu'avant, il payait le minimum, et plus maintenant. Lui et son conjoint ont de gros revenus. C'est étonnant comme les gros revenus aiment truander le CE : ce doit être une sorte de sport.

9h.46 : Idem d'une personne qui s'étonne que le CE n'organise pas ceci, comme cela, c'est évident ! Je lui répond qu'il est le bienvenu, effectivement, il y a beaucoup de travail à faire, quand est-ce qu'il vient ? Réponse embarrassée.

9h.48 : Le serveur du CE plante. J'interviens.

9h.55 : Je passe à la permanence du CE. La permanente se plaint amèrement de ses collègues qui n'en fichent pas une rame (je ne suis pas du genre à parler des collègues, mais quand même!), ce qui n'est pas son cas. Une personne de passage explique qu'avec les nouveaux barèmes, elle et sa famille pourront enfin accéder aux voyages du CE. Je jubile.

10h.00 : Mon ancien manager m'appelle à l'aide pour un problème technique.

10h.05 : Je vois le collègue qui voulait partir. Je tente de l'en dissuader, et lui donne toutes les infos voulues.

10h.30 : L'assistante du président du CE me demande l'ordre du jour pour 12h.00. On transige sur 15h.00.

10h. 35 : Le PDG du groupe annonce son départ. J'ai gagné une mousse et les ennuis recommencent : je ne sais pas quand je pourrai reprendre mon travail normalement).

14h.00 : Réunion de la commission loisir. Composée de trois personnes qui travaillent (dont une de type phagocyte nuisible) et 10 qui observent (dont un spécialiste de la musique baroque du 18ème, expert dans l'art de la censure). Je dois intervenir pour autoriser un tournoi de squash (le responsable demandait 350 euros, alors que nous venions de valider un investissement de 350.000 euros). Je décide (en mon fort intérieur) de zigouiller cette commission et de lancer une réflexion sur l'objet social et l'activité loisir du CE : chantier de 3 mois à mener.

16h.00 : Je passe vérifier et signer quelques chèques au CE. Entre deux subventions, je signe un chèque de 88.000 euros. Les permanentes se plaignent d'avoir trop de travail (surtout celle qui arrive au boulot à 10h.30 tous les matins parce qu'elle n'est pas du matin). Et aussi que les autres devraient se mettre au travail elles aussi. Je cherche un moyen de faire auditer notre nouvelle comptabilité.

16h.30 : Un collègue paniqué déboule dans mon bureau. Son manager lui a fait une crasse. Il n'a plus confiance. A qui s'adresser ? Je tente de le rassurer. On va éviter de faire monter la mayonnaise et résoudre on problème.

16h.50 : Je ponds un texte en préparation de la prochaine réunion de négociation collective sur le statut des élus.

17h.00 : Je reçois un fournisseur. Il me dit combien son produit est beau et nécessaire.

17h.45 : Un collègue CFTC m'appelle. Nous nous mettons d'accord sur la position à adopter au prochain CE concernant le transfert de 355 salarié dans une autre société.

18h.00 : je reprend le compte-rendu du CE. Je réussi à y passer 3 minutes. Une élue ZZZZ vient d'envoyer un mail aux 4300 salariés en donnant une consigne au nom du CE, sans mon autorisation. Je fulmine, mais c'est trop tard. Le serveur du CE se plante : j'interviens. J'attaque le budget 2004. Le trésorier aurait du le monter, mais il ne me donne que des infos partielles. Il est de la ZZZZ... Il faut faire avec les gens et ce qu'ils sont prêts à faire.

19h.00 Je réalise que je n'ai toujours pas contesté ma lettre de rémunération. On verra demain. Ah, j'ai aussi oublié le cours d'anglais ce midi. L'étage est calme. Je passe une demi-heure sur le compte-rendu du CE. On me signale que nous avons gagné notre procès au tribunal d'instance (une salariée pas contente d'une prestation de l'équipe précédente nous avait attaqué).

19h.30 : Je rentre à Nation avec Jean-Luc. Il vient de gagner une affaire. J'hérite d'une vanne gauloise. Nous discutons de la manière de relancer notre activité ERP.

20h.00 : Ce soir, pas de réunion. Il y a de la bière dans le frigo. Un jour, je me ferai un pot au feu. Je regarde un truc qui ne m'attaque pas les neurones à la télé. Dodo.